ORIGINE

Depuis le printemps 1793 les Marseillais s’opposent à la violence et refusent les antagonismes de classe. Horrifiés par les massacres et par l’impunité dont jouissent les pendeurs (particulièrement les frères Jean et Laurent SAVON) les Marseillais se prennent à rêver, avec Charles Jean-Marie BARBAROUX [2], d’une organisation fédérale concédant une autonomie régionale (déjà un rêve de décentralisation). Le maire Jean Raymond Pierre MOURAILLE [3] partage ce sentiment. Il participe à la création d’un tribunal qui offre aux accusés de telles garanties que nombre d’entre eux se retrouvent libres.

Ce Tribunal est présidé par l’ex-oratorien Jean Antoine Augustin MAILLET [4] dit « MAILLET cadet » et la fonction d’accusateur public est dévolue à GIRAUD.

MAILLET acquitta plus qu’il ne condamna. Sur les 528 inculpés qu’il eut à juger en 60 séances il n’en envoya que 30 % à l’échafaud, ce qui représente quand même 162 personnes. Taxé de républicanisme modéré, la pondération des verdicts le fait passer pour un contre-révolutionnaire.

PARENTHESE

La Convention envoie à Marseille Moyse Antoine Pierre Jean BAYLE [5] accompagné de son collègue BOISSET. Ils font arrêter le maire MOURAILLE ainsi que le Président du Tribunal MAILLET cadet qui, destitué, est traduit devant le Tribunal révolutionnaire de Paris (il sera finalement acquitté puis libéré et regagnera Marseille en octobre 1795).

Commence alors la répression menée par le Tribunal que préside le parisien LEROY dit BRUTUS dont nous avons présenté la liste des condamnations lors d’un précédent article. C’est ce type de répression qui fera écrire à Marc Antoine BAUDOT, député de Saône et Loire à la Convention Nationale : « Ce qu’il y a d’épouvantable dans les révolutions, c’est que les hommes du plus grand talent, du plus grand mérite sont envoyés à l’échafaud par des cuistres, des saltimbanques ou des greffiers de village ».

Durant cette parenthèse sévit Jean Nicolas Paul François de BARRAS [6] ainsi que Jean Stanislas FRERON [7] fils du fameux Catherine Elie FRERON [8], critique littéraire que VOLTAIRE exécuta d’un quatrain resté célèbre :

« L’autre jour au fond d’un vallon

Un serpent mordit Jean FRERON [9]

Que croyez-vous qu’il arriva ?

C’est le serpent qui creva ! »

Non content d’avoir débaptisé Marseille et d’avoir ruiné son patrimoine architectural religieux FRERON émis un jugement sentencieux qui ne plaida pas en faveur du pouvoir central qu’il était censé représenter : « Je vois que Marseille est incurable à jamais, à moins d’une déportation massive de tous les habitants et d’une transfusion des hommes du Nord ». Rappelé à Paris il profitera de la chute de Robespierre, de sa liaison avec Pauline BONAPARTE et de sa participation au coup d’état du 18 Brumaire pour obtenir le poste de sous-préfet à St Domingue où il terminera ses jours.

REPRISE

Étienne Christophe MAIGNET [10] remplace de BARRAS et FRERON et rétablit le tribunal révolutionnaire à Marseille. Celui-ci juge 356 suspects et en envoie 128 à l’échafaud, jugements qui à cette époque représentent une tendance des plus modérés !

La liste que nous présentons aujourd’hui couvre les deux sessions du tribunal de 1793 et de 1794, c’est-à-dire avant et après les sessions de la commission BRUTUS.

Pour les autres lieux de condamnations voir le site des Guillotinés de la Révolution

TABLEAU 1

TABLEAU 2

TABLEAU GÉNÉRAL